Kawasaki KLE500 1992

(par Rudy SCOHY)

Il a le look votre nouveau trail, Kawasaki San; et ses couleurs: quel fun! Le problème, c'est que l'honorable journaliste que je suis se demande comment le définir...

Parlons plumage

Le twin vertical très compact donne plutôt à la KLE l'aspect d'un mono, impression renforcée par le choix d'un petit réservoir (15L) qui la démarque considérablement des autres trails bicylindres genre Africa Twin ou Super Ténéré. Avec son museau effilé et ses lignes plongeant sur l'avant, elle offre un nouveau visage au monde du trail; c'est assurément une réussite esthétique. Cela dit, ce qui est beau n'est pas forcément pratique. On en a un exemple révélateur avec la béquille latérale: quasi inaccessible sous le pose-pied gauche, elle est aussi un peu longue; résultat, il faut incliner sérieusement la moto pour la déployer et, quand c'est fait, la KLE reste droite au point qu'on craint des chutes intempestives. Le même genre de critique peut d'ailleurs s'adresser au robinet d'essence qui, dissimulé par votre cuisse gauche, n'est vraiment pas facile à manier en roulant. Quant au porte-bagages, il réclame de l'attention car ses crochets d'arrimage laissent parfois échapper les sandows: votre sac qui se fait la malle dans les embouteillages, ça fait toujours plaisir! Eh oui, elle est comme ça la KLE: superbe mais parfois "économe", comme le montrent son tableau de bord réussi mais dénué de voyant de température d'eau, ou sa peinture qui ne résiste pas toujours à une conduite TT musclée. Evidemment, Kawasaki San vous dira que si on veut comprimer le prix de vente, il faut rester raisonnable. Et comme il nous propose sa KLE 500 à 209.950 F (mais oui, p'tit gars, c'est moins cher que certains monos!), il faut reconnaître qu'il a tout à fait raison.

Et voyons le ramage

La KLE 500, c'est aussi un sacré moteur: directement issu du GPZ500S dont le brio est bien connu, on l'a civilisé en augmentant le diamètre des carbus et en faisant redescendre couple et puissance maxima d'environ 1500 tours. Vous y ajoutez 50ch (contre 60 à la GPZ), 2 ACT et 8 soupapes, et cela vous donne un moulin plein de tempérament à partir de 6500 tours. D'accord, il n'a pas le coup de rein d'un mono à bas régimes, mais son allonge est bien celle d'un twin. Couplé à une boîte 6 vitesses (irréprochable, d'ailleurs), notre demi-litre ne manque pas de souffle... à condition bien sûr qu'on joue du sélecteur. Alors là, il aura de quoi en étonner plus d'un. D'autant que la partie-cycle s'accommode assez bien de cette personnalité puisqu'elle privilégie la rigidité. Légère, dotée de suspensions fermes, la KLE est surprenante de vivacité. A l'attaque, on n'est contrarié que par la garde au sol un peu juste (le bas-moteur en TT, les pose-pieds sur route), par le freinage pas trop endurant et par l'avant qui perd parfois de sa superbe sur mauvais revêtement ou à vitesse élevée. Et même s'il vous le fait payer à la pompe (8 l/100), il n'empêche que le jouet est diablement excitant!

Moi, j'ai dit "jouet"? Comme c'est étrange...

Pas si étrange en réalité. En effet, dès qu'on aborde le chapitre confort, on constate aisément que si la KLE séduit en ville, sur route viroleuse et en TT pénard, elle n'est pas faite pour "tracer" au long cours. D'abord, parce que sa selle est beaucoup trop dure, ensuite parce qu'elle n'offre aucune protection. Rouler à vive allure en KLE (et Kawasaki San annonce tout de même 170 km/h) peut devenir une réelle épreuve: la selle vous martèle les fesses et le vent vous oblige à compenser sa pression par un effort du dos et des cuisses; si bien qu'après 100 bornes à ce régime, on n'a plus qu'une envie, c'est de s'arrêter. Remarquez que la Kawa vous oblige à le faire souvent puisque son autonomie n'atteint pas les 200 km, ce qui n'est pas nécessairement une qualité. Paradoxalement, c'est le passager qui est le mieux loti puisqu'il regrette uniquement les vibrations dues au volumineux silencieux d'échappement.

Bon, et alors?

Ce concept de trail twin léger est séduisant parce qu'il aboutit à une machine docile, efficace, et fort amusante. Ses défauts, l'inconfort, l'autonomie réduite et la finition parfois légère, montrent quant à eux que la Kawa doit se définir comme un rat des villes qui ne craint pas les pistes et sentiers roulants. A ce jeu, et compte tenu de son prix attractif, la KLE 500 est une moto-plaisir au plein sens du terme.

RS


Tous droits réservés à CYBERmotorbikes © 2003
Toutes les marques citées sont la propriété exclusive de leurs propriétaires / auteurs